POURQUOI PROTÉGER LE SINGE VERT DU CAP-VERT ?
LA POPULATION DES SINGES EST EN DÉCLIN
Le singe du Cap-Vert est un cercopithèque vert (singe vert), nom scientifique « Chlorocebus sabaeus », famille des Cercopithecidae.
Sa présence sur les îles de Santiago et de Brava est attestée par des sources historiques depuis le XVIe siècle. Ainsi depuis plus de 500 ans, les singes côtoient les habitants des villes rurales de l’ile de Santiago et de Brava, les deux seules iles du Cap-Vert ou le singe vert est présent. On peut dire que le singe fait partie de la culture des Cap-verdiens.
Le singe vert a été également introduit dans les iles de la Barbade, et de Saint Kitts and Nevis.
Sans une action rapide en faveur d’une meilleure gestion de la population des singes, celle-ci pourrait disparaitre très rapidement.
C’est le constat que fait l’association sur la base d’une étude empirique menée tout au long de cette première année d’activité.
Très peu de choses sont mentionnées dans les différents rapports de situation et documents stratégiques des institutions nationales liées à l’environnement et à la biodiversité.
Le singe vert n’est pas encore considéré en danger sur le continent africain. Le singe vert « Chlorocebus sabaeus » a été en 2020 classé par l’IUCN dans la liste rouge des espèces menacées d’extinction en « Préoccupation mineure ».
Il est toutefois observé une tendance de baisse de la population des singes dans leurs aires géographiques naturels (Burkina Faso, Côte d'Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Liberia; Mali; Mauritanie, Sénégal, Sierra Leone) .
Régulièrement chassée ou capturée, la population de singes du Cap-Vert est estimée par l’association en situation de grande vulnérabilité car les menaces sont nombreuses avec un risque d’extinction relativement élevé.
La pression qu’elle subit est de plus en plus importante ; absence de données et d’actions de protection, chasse, capture, expansion agricole et urbaine, territoire de plus en plus limité, déforestation, effets du changement climatique, etc... Il existe de nombreuses menaces qui exercent une pression continue sur la reproduction de l'espèce et donc sur sa survie, car les singes sont massivement capturés pour être vendus, ou tués lorsqu’ils causent des dégâts dans les zones agricoles, ou encore tués pour le commerce de leur viande.
Les observations effectuées sur l’ile de Santiago par l’association dans les zones d’habitat des singes confirment que les groupes de singes sont plus limités qu’autrefois (entre 10 et 15 individus au lieu de 20-30 individus) et ces groupes sont de plus en plus isolés (fragmentation de la population).
A défaut de données officielles, sur la base des premières observations de recensement effectuées par l’association dans 6 zones d’habitat identifiées sur l’ile de Santiago (superficie de 991 km²), on estime que la population des singes verts ne devrait pas dépasser 3000 singes. A titre de comparaison, sur l’ile de la Barbade (superficie de 430 Km2), deux fois moins grande que l’ile de Santiago, ou le singe vert a été introduit à la même période, la population des singes verts est estimée à 14 000 individus et à 60 000 à St Kits et Nevis, une ile de 269 km2 avec une population de 53 000 habitants !
Un des premiers textes scientifiques sur les singes verts du Cap vert de 2011 (Introduced mammals of Cape Verde. Hazevoet & Masseti) mentionnait déjà une diminution de la population de singes sur Santiago ; " Bien qu'il n'existe pas de données un tant soit peu précises sur ses effectifs passés, les rares informations disponibles suggèrent que les singes verts étaient plus communs à Santiago dans le passé qu'ils ne le sont aujourd'hui ".
Les singes sont une composante essentielle de la biodiversité
Ils contribuent de manière importante à la régénération forestière, ainsi qu’à la santé des écosystèmes. Les forêts, les océans, les sols agricoles, zones humides et autres écosystèmes jouent un rôle crucial dans la régulation du climat en absorbant une part importante de nos émissions de CO2.
Protéger les singes, c’est aussi sauver les forêts dans lesquelles ces primates vivent, et ainsi sauver toute la biodiversité de ces écosystèmes.
Il est reconnu que la réduction des primates dans n'importe quel écosystème a des conséquences écologiques néfastes.
Les singes sont essentiels pour les forêts et les écosystèmes. Le singe vert est aussi appelé́« le singe jardinier » car, en mordant les fruits et les plantes, il contribue au maintien et à la régénération des forêts en dispersant des semences spécifiques (pollinisation). Sans primates, de nombreuses espèces végétales ne pourraient pas se reproduire et de nombreuses forêts mourraient tout simplement.
Les forêts sont au cœur des solutions fondées sur la nature et sont considérées comme des moyens de lutter à la fois contre le changement climatique et la perte de la biodiversité.
Sous la pression de l’activité humaine, les milieux naturels et les espèces qui les peuplent sont soumis à un déclin sans précédent.
Les forêts représentent à la fois l’écosystème terrestre principal réservoir de diversité biologique et celui avec la plus forte capacité d’absorption de carbone.. Malgré la reconnaissance du caractère vital des forêts pour la planète comme pour sa population, la déforestation et la dégradation des forêts se poursuivent à un rythme alarmant.
Protéger les écosystèmes est une des actions majeures pour agir contre le changement climatique.
Le changement climatique, qui affecte déjà notre planète, constitue certainement la plus grande menace pour l’homme et en particulier pour les jeunes d’aujourd’hui, mais aussi pour de nombreuses espèces animales.
Plusieurs publications scientifiques ont évalué la vulnérabilité des espèces au changement climatique et indiquent que le temps presse pour la survie de nombreuses espèces (WWF, IPBES, GIEC, PNUE, UICN).
Selon une étude internationale publiée en 2018 dans Sciences Advances, menée par plus de 30 primatologues internationaux, près de 60% des espèces de primates sont menacées d'extinction d’ici 25 à 50 ans en raison des activités humaines et 75% des populations sont déjà en déclin. Les habitats des primates disparaissent sous la pression de l'agriculture (qui touche 76 % des espèces), de l'exploitation forestière (60 %), de l'élevage du bétail (31 %) et des infrastructures. La chasse affecte directement 60% des espèces. Ces phénomènes sont aggravés par d'autres menaces : la pollution et le changement climatique (Sciences Advances. Impending extinction crisis of the world’s primates: Why primates matter).
LES SINGES SONT DES PROMOTEURS DU TOURISME DE NATURE
L'observation des singes et d'autres animaux sauvages dans des parcs naturels ou dans d'autres zones peut ouvrir de nouvelles possibilités d'emploi. Ils peuvent stimuler le développement de l'écotourisme et du tourisme de nature au Cap-Vert.
Le singe Vert est très apprécié des touristes. C’est un singe particulièrement intelligent, qui n’est pas agressif et connait très bien les humains. Il a beaucoup de succès auprès des touristes qui apprécient sa compagnie, même si le singe vert est aussi appelé "le singe voleur".
A l’ile de la Barbade, considéré autrefois nuisible et inutile, le singe est désormais perçu comme un facteur de développement du tourisme. L'île de la Barbade a fait du singe vert une véritable «mascotte» nationale ce qui prouve la valeur économique de la protection des singes. Grâce au projet de la Fondation l’image du singe vert (Green Monkey) à la Barbade a complètement évoluée. Aujourd’hui le singe Vervet est une véritable « star », et le refuge des singes est visité par plus de 100 000 touristes chaque année.